Ou Le mal joli
Comédie mêlée de Couplets
de Georges FEYDEAU - Musique de Benoît URBAIN
Mise en Scène : Jean-Pierre Drouin
Arrangements et orchestration : Benoït Urbain
Scénographie : ARILUS
Costumes : GENIA
Lumières : Philippe Frich
Avec : Jean-Pierre Drouin, Alexis Perret, Damien Roussineau, Cécile Magnet, Clémence Mercier, et Agnès Yver
Aujourd’hui, il paraît inconcevable, dans le cadre d’une politique culturelle de découverte des auteurs, de passer à côté d’un Georges FEYDEAU. Ignorer son œuvre serait occulter un des auteurs majeurs de notre répertoire.
L’invasion des « comiques » courtisans des pouvoirs, auxquels la télévision nous soumet avec un « aquabonisme » serein, nous prédispose à considérer comme indispensable la finesse, la fantaisie et l’insolence d’un Feydeau.
Léonie est en avance – Ou le Mal joli de Georges Feydeau.
Comédie de mœurs, mettant en évidence cette société « Bonapartiste » qui enferme la femme dans le mariage et la maternité rédempteurs.
Une société essoufflée à défendre ses servitudes (pour imposer ses certitudes), trois années avant La grande Guerre, qui allait faire exploser les carcans, les tabous de la Bourgeoisie.
Léonie est en avance…. Peut-être est-elle pressée, dans son inconscient, d’entrer dans ce nouveau siècle ??????
La femme-femme – La femme-mère…. La femme « fait » l’enfant….
Après huit mois de mariage, Léonie est enceinte. La chose est dite.
Mais personne ne comprend… Mari, Beaux parents…. Ni même Léonie...
On en conclut donc que « Léonie est en avance »…
Feydeau fait de son personnage de future mère une sorte de tyran domestique, à qui tout est permis…. Le temps de la gestation…
Léonie ne se prive de rien…
Et l’irrésistible mécanique de Feydeau se met en marche…
L’homme-père est maltraité, humilié, rabaissé….
En toute impunité…
Comme s’il avait à se faire pardonner
Puisque la femme va enfanter.
La justification sociale de la femme est ici bien définie…
Jusqu’à la cabriole finale, qui va faire de Léonie « la petite montagne » de la fable de La Fontaine….
- Alors, quoi, Une souris ?
- C’est à recommencer… Il y a maldonne….
Mais Léonie n’apparaît plus…. Elle n’existe plus…. Ffuiiiiiiiiit !
Note d’intention
J’ai toujours ressenti une sorte de malaise, devant ce qu’on appelle une « relecture » d’œuvre, ou d’auteur…. Je me suis même souvent demandé si, sous couvert de « relecture », on n’avait pas à faire à un simple manque d’inspiration….
Donner un éclairage particulier à une œuvre n’est pourtant pas en trahir l’auteur…
Dans « Léonie est en avance »… Feydeau a-t-il voulu dénoncer le rôle réservé à la femme dans la société de son époque ?
Sans doute pas… .Mais sans vouloir le dénoncer, il l’a montré….
Pouvons-nous imaginer une seconde que cette présentation soit innocente ?
Non… Mais après tout, peu importe…
Elle nous a paru, à nous, intéressante à souligner… Par sa modernité…
Le rôle bien défini que cette société attribu(ait) à la femme ; semble, à priori aller de soi, pouvant même être considéré comme épanouissant…
Loin de nous l’idée de remettre en question cette évidence… Allons jusqu’à dire cette vérité… Qui, de nos jours, est encore parfois considérée comme telle….
Nous allons néanmoins partir du principe que Léonie se venge…. Avec ses armes : la féminité, l’insouciance, l’ignorance des choses de la vie…
Léonie, devient donc LA femme… La femme… Contrainte d’enfanter dans la douleur, et réduite à cette seule utilité sociale.
Avec sa mère... Qui fût femme, aussi… Aujourd’hui gardienne des valeurs essentielles de la société.
Avec Madame Virtuel, Sage femme… Femme pas si sage que cela ….
Et Léonie se venge si bien qu’elle n’accouchera pas….
Pour que la mise en lumière soit sans équivoque, nous avons ajouté quelques couplets chantés … Sans trahir le texte initial, ils éclairent l’aspect totalement impertinent de la pièce de Feydeau.
Théâtre de l’Agora