Comédie mêlée de couplets d'Eugène LABICHE
Musique de Benoït Urbain
Mise en scène de Jean-Pierre Drouin
Décor : ARILUS - Costumes : GENIA
Lumères : Philippe Frich
Avec: Jean-PierreDrouin, DavidJouteur,
Jérôme Ragon et Agnès Yver
Un garçon de chez Very, Une « comédie mêlée de couplets », dans laquelle Labiche s’amuse (c’est évident!) à « moquer le bourgeois »... Dans une lettre adressée au Figaro en 1880, il écrit : «Je me suis adonné presque exclusivement à l’étude du bourgeois, du philistin ; cet animal offre des ressources sans nombre à qui sait les voir. Il est inépuisable. C’est une perle de bêtise qu’on peut monter de toutes les façons. Il n’a pas de grands vices, il n’a que des défauts, des travers, mais au fond, il est bon, et cette bonté permet de rester dans la note gaie ».
La pièce commence au moment où Caroline Galimard, la «bourgeoise», congédie sa domestique, qui refuse de vernir le ceinturon du cousin Alexandre, « sous prétexte qu’il est militaire »... Cela ne convient pas à Monsieur, qui trouvait en Jeannette une brave fille, prête à tout pour «bien servir » son maitre.
Caroline a donc décidé de prendre un «domestique mâle ».
Le cousin Alexandre... C’est l’amant de Madame. Quant à Monsieur... Il a, le jour des rois, osé « faire un voyage à Paphos » ...
Le domestique mâle, c’est Antony... Un ancien garçon de chez Very qui «servait le 6 et le 7 »... « bigre de bigre ! il y faisait chaud, dans le 6 et le 7 ! »... Oui, il faisait chaud, puisque c’est là que Madame a été conquise par Alexandre, et que la tête de Monsieur a été égarée par Malvina... «Une Pompadour en flanelle »...
Tout est subit par ces bourgeois... Galimard n’a aucune prise, sur rien. C’est un enfant qui veut « qu’on le dorlote », et qui, pour cela, se sou- met à tout. Il se soumet à sa femme, qui lui enlève sa « nounou » ; qui lui refuse l’accès à sa chambre, parce qu’il «tousse » ; qui lui impose le cousin Alexandre, en congé pour un semestre qui dure depuis 8 mois... Il se soumet à ce domestique, qui l’embrasse, qui l’enlace, qui lui bou- tonne « tous les boutons » de sa veste, bref, qui le tyrannise, parce qu’il le prend pour son père...
Caroline, sa femme, semble diriger la maison. Mais il n’en est rien... Coincée dans son statut de bourgeoise, elle se soumet à son mari, et se doit d’inventer mille et un subterfuges pour ne pas obéir à ses caprices. Elle se soumet à Antony, le domestique, « tout ce qui est ici sera à vous», de peur que celui-ci ne parle, puisqu’il est, pense-t-elle, le témoin de son « moment d’oubli ». Elle se soumet surtout au conformisme bien pensant, en ne cédant ni à ses aspirations, ni au Cousin Alexandre qui la presse de bien vouloir conclure cette soirée passée en sa compagnie, dans le fameux « cabinet n°7 »...
Le « tyran »... : Antony, le « domestique Mâle »... C’est à son insu, qu’il tyrannise... Toute la maison. De par son ancien emploi de Garçon de chez Very, il est le prétendu témoin de leur incartade d’un soir. Il « tient » les bourgeois, alors que lui « ne regardait personne. C’est au point (qu’il) aurait pu servir sa propre femme sans la reconnaître ». Et pour- tant... Lui même est victime d’un besoin vital de normalisation, dont il est privé depuis l ‘enfance, puisqu’il est « Un jeu de l’amour et du hasard ». Et voilà bientôt vingt six ans qu’ il cherche son père... C’est en la personne de Galimard qu’il pense enfin l’avoir trouvé, puisqu’il s’appelle Anatole, et qu’il mesure 1m70 ...
... Et enfin Alexandre, le militaire. Personnage sans scrupules, qui « vit sur la bête ». Il se fait loger, nourrir, blanchir par Galimard. Il fume des cigares, quand cela est interdit au Bourgeois. Il ne manque plus qu’une corde à son arc, pour être tout à fait odieux : séduire sa femme... Dans « Un garçon de chez Very », il n’y a guère qu’un personnage qui pourrait tirer son épingle du jeu... C’est la bonne, Jeannette... Elle semble intègre et franche... Peut être un brin antimilitariste, peut être... Mais hélas, elle se fait mettre à la porte à la première réplique...